Un moment colognote avec Dr. Victor Frankenstein

Richard Lefebvre

Un moment colognote avec Dr. Victor Frankenstein
Propos recueillis par Richard Lefebvre pour L'Esprit Colognote.

Docteur Frankenstein, quels sont vos liens avec la commune ?

J'ai vu le jour à Cologny, plus précisément vers Montalègre, le 16 juin 1816, ce qui me fait très exactement 200 bougies à souffler!

3 mots qui qualifient Cologny ?

Tempétueuse, fantastigue, inspirante.

Votre plus beau souvenir colognote ?

Je n'en ai pas beaucoup, en vérité. A peine né, ma génitrice (Mary Shelley, ndlr) m'a ramené avec elle en Grande-Bretagne d'où j'ai conquis le monde. Dans son œuvre, elle me prête une jeunesse dans la campagne de Bellerive. Hélas, tous ces beaux souvenirs se sont effacés lors de mon séjour à Ingolstadt...

Parlez nous de votre génitrice, Mary Shelley

Je lui dois tout! Quel courage d'avoir tenté cette histoire - un sujet jamais abordé en littérature - à seulement 18 ans. Et quel talent d'en avoir fait un roman dont les thèmes n'ont pas pris une ride. 

Une réalisation communale qui vous plaît particulièrement ?

Ce n'est pas à proprement parler une réalisation colognote, mais je trouve que la fondation Bodmer est un vrai phare dans la culture régionale. Qu'elle ait pensé à réaliser une exposition sur ma modeste personne me transporte de joie.

Quelques légitimes motifs de fierté?

Ce n'est pas de la fausse modestie que de dire que je suis fier d'avoir été le premier personnage de science fiction de l'histoire ! Pensez à tous ceux qui sont venus ensuite : Dark Vader, Alien, HAL-9000, Neo, Flash Gordon, Spock et tant d'autres à gui j'ai ouvert la voie ! De même, si aujourd'hui le clonage, l'homme bionigue, l'intelligence artificielle et tant d'autres applications de la science moderne sont des sujets communs en 2016, il n'en était de loin pas le cas en 1816. Pensez ! Avec pour seules matières premières des cadavres et une étincelle électrique, j'ai réussi à créer la vie. Enfin, ma descendance, multiple, vivante, y compris dans les arts apparus au cours du XXème siècle, parfois comique (Frankenstein Junior de Mel Brooks - 1974, ndlr) est toujours d'actualité.

Des regrets?

Ma créature, évidemment. Elle n'avait besoin que d'amour, mais comment en donner à un être aussi repoussant. Nous sommes tous coupables de l'avoir rejetée. Sa vengeance fut terrible. Qu'aurais-je dû faire ? Il est facile de juger a posteriori... n'oublions pas que j'étais un pionnier.

Le lieu de la commune qui vous émeut le plus ?

Le pré Byron, bien entendu : personne n'est indifférent au lieu qui l'a vu naître !