Le réchauffement climatique est un problème mondial qui nous concerne tous. Certains rapports sont certes plus alarmistes que d'autres, mais globalement tous concordent quant à la certitude d'une augmentation de la température globale moyenne d'ici la fin du siècle, qu'elle soit de 1,5, 2, 3 degrés ou plus, avec pour effet la fonte des glaciers, la montée du niveau de la mer, l'immersion de régions côtières, la sécheresse, la canicule et différents phénomènes climatiques violents.
La Suisse, qui compte un millième de la population mondiale, émet quelques millièmes des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Celles-ci enveloppent la terre entière et, contrairement au nuage radioactif de Tchernobyl, ne s'arrêtent pas aux frontières, ce qui implique que quoi que l'on fasse en Suisse, cela n'aura aucune incidence sur le réchauffement climatique, ni dans le monde, ni même en Suisse.
Cela ne doit pas pour autant empêcher la Suisse d'agir, notamment pour respecter ses engagements internationaux. La loi et l'ordonnance sur le CO2 prévoient un ensemble de mesures s'appliquant aux bâtiments, à l'industrie et aux transports, y compris les compagnies aériennes, désormais intégrées dans le système d'échange de quotas d'émission entre la Suisse et l'Union européenne, ce qui les obligera à diminuer et/ou compenser leurs émissions de gaz à effet de serre.
Ces textes, ainsi que les rapports explicatifs y relatifs sont techniques et ardus, mais je vous invite néanmoins à les lire. Ainsi, la loi sur le CO2 de 2011, en vigueur, vise à réduire les émissions des gaz à effet de serre de 20% par rapport à 1990 d'ici à 2020. Pour l'après-2020, la Suisse s'est engagée, en ratifiant l'accord de Paris, à diminuer ses émissions de 50% à l'horizon 2030.
Qu'en est-il des mesures concrètes prises par Thônex ? S'agissant des infrastructures publiques, citons l'assainissement énergétique des bâtiments, la mise en place de réseaux de chauffage à distance et la pose de panneaux solaires sur le toit de la piscine, du parking du centre sportif et d'immeubles locatifs appartenant à la commune. Citons également la sensibilisation des enfants dans les écoles par le programme « Robin des Watts », l'encouragement à la mobilité douce et le développement des transports publics. Concernant le secteur privé, les propriétaires continuent d'investir massivement dans l'assainissement énergétique des bâtiments par la mise en place de réseaux de chauffage à distance ou de nouvelles chaufferies, l'isolation des façades et des toitures et la pose de panneaux solaires, notamment. Ces mesures ne font pas la une des journaux mais sont par contre réellement utiles car elles permettent de baisser progressivement et constamment les émissions de gaz à effet de serre. Et n'oublions pas les changements de comportement progressifs et durables au sein de la population, l'élément peut-être le plus déterminant de tous à terme.
Le PLR est autant que quiconque préoccupé par le réchauffement climatique et n'a pas de leçons à recevoir sur le sujet, mais privilégiera toujours les mesures concrètes par opposition aux actions opportunistes et électoralistes qui cherchent cyniquement à surfer sur la vague de sympathie ou d'inquiétude concernant le climat, ceci à moins d'un an des élections municipales, mais dont l'effet réel sur le climat, disons-le clairement, sera nul.
Venons-en maintenant plus spécifiquement à la motion du groupe « Vivre à Thônex - les Verts », en commentant une à une les trois invites. La première demande que le voyage du Conseil municipal programmé tous les cinq ans soit intégralement compensé en payant un organisme de compensation tel que « co2myclimate.com ». Je me suis rendu sur ce site Internet et ai été stupéfait de constater que les seuls moyens de déplacement pour lesquels une compensation était proposée étaient l'avion, la voiture et les bateaux de croisière ! Rien sur les autocars, rien sur les trains qui, selon co2myclimate.com, n'émettraient par déduction pas de gaz à effet de serre et donc n'auraient pas à être compensés. Ce parti pris est d'autant plus inacceptable lorsque l'on sait que le train se meut par l'électricité et qu'au niveau du réseau interconnecté européen, celle-ci est produite à raison de 50% par des agents énergétiques fossiles, dont une part importante de charbon et de 25% par le nucléaire. Or contrairement au chemin de fer, l'avion n'est propulsé ni par du charbon, ni par du nucléaire, réalité que co2myclimate.com occulte très commodément.
D'ailleurs sur les plans énergétique et environnemental, un train quasi vide vaut-il beaucoup mieux qu'un avion plein ? En réalité, les avions sont généralement pleins et les trains souvent vides aux trois-quarts voire plus, en dehors des heures d'affluence des pendulaires travaillant dans les centres urbains. L'écart réel entre les deux modes de transport dépend donc beaucoup des critères que l'on prend en compte ainsi que du périmètre de calcul pour le bilan de masse et d'énergie, ce qui devrait nous appeler à faire preuve de plus d'objectivité et de modestie par rapport à certaines conclusions souvent trop hâtives.
Pour en conclure avec la première invite, notre groupe estime que les changements de comportement relèvent de la responsabilité individuelle, au quotidien et ce de manière durable, et pas uniquement lors d'un voyage tous les cinq ans et que, par ailleurs, ce n'est pas aux contribuables thônésiens de compenser l'impact carbone de ce voyage, mais bien aux participants eux-mêmes, selon leur conviction et conscience, que ce soit par le mécanisme proposé par co2myclimate.com dont il y aurait d'ailleurs de quoi rester plutôt réservé quant au sérieux, ou par un autre de leur choix.
Concernant la deuxième invite, le problème lié aux émissions de carbone risque de durer longtemps. Or qui parmi les autorités de Thônex sera compétent pour affirmer, dans un avenir certainement très lointain, que « le problème » (sic) a été résolu et que les restrictions concernant les voyages peuvent être levées ? Cette invite est tout simplement à supprimer.
Quant à la troisième invite, elle est irréalisable : vouloir analyser la vague notion de « coût écologique », ou plus précisément l'impact environnemental, de chacun des nombreux déplacements et activités des autorités municipales prendra du temps et aura un coût, car cela nécessitera de mandater à chaque fois un cabinet spécialisé pour établir les calculs qui seront d'autant plus nombreux et complexes vu que cette invite ne se limite cette fois-ci pas aux gaz à effet de serre mais par déduction concerne également les autres polluants tels que les particules PM2,5 et PM10, les NOX et les COV, pour n'en citer que les principaux. Elle est également à supprimer.
La proposition du groupe libéral-radical d'amender la motion du groupe « Vivre à Thônex - les Verts » selon le texte ci dessous a été accepté par une très large majorité.
«Le Conseil municipal :
Invite les participants aux voyages de fin de législature du Conseil municipal à compenser eux-mêmes l'impact carbone de leur voyage selon le mécanisme proposé par co2myclimate.com ou selon une autre méthode de leur choix.
Les deuxième et troisième invites sont supprimées.»
Ashwani Singh, 16 avril 2019