L'entreprise Caran d'Ache quitte Thônex. Nous le regrettons pour la notoriété et le rayonnement de la Commune bien sûr, mais aussi pour des raisons sentimentales et avec un petit pincement au cœur, car c'est une page de notre histoire contemporaine qui se tourne.
Pourrions-nous maintenir le périmètre en zone industrielle et artisanale ? Nous y avons certes pensé, mais ce n'est d'une part pas le souhait de l'entreprise qui tient tout naturellement à valoriser son terrain et, d'autre part, ce serait fermer les yeux sur une des raisons pour lesquelles Caran d'Ache quitte Thônex, à savoir une mauvaise connexion aux réseaux ferroviaires et routiers, ce qui réduit fortement l'attrait de cette parcelle à tout éventuel candidat industriel.
Par contre, le périmètre de Caran d'Ache se trouve à côté d'infrastructures de transports intéressantes pour le logement. Citons notamment le tram, la voie verte, le futur Léman express et différentes lignes de bus. Si un reclassement en zone 5 villa est impensable aujourd'hui, se pose alors la question de savoir quelle zone d'immeubles et, partant, quel indice d'utilisation du sol serait acceptable pour toutes les parties. Une zone 4 serait difficilement acceptable aux instances cantonales et n'assurerait ailleurs pas au propriétaire actuel une rentabilité satisfaisante.
Le choix se limite donc entre une zone 3 ordinaire et zone 3 de développement. Pour une zone de développement, la Loi générale sur les zones de développement (LGZD) exige un PLQ, précise l'indice d'utilisation du sol (IUS) minimal à appliquer - à savoir 1,8 en zone 3 mais habituellement 2,0 - et impose une proportion minimale de logements d'utilité publique et de logements à loyer contrôlé. Ces proportions, en vigueur depuis 2007, pourraient d'ailleurs sensiblement augmenter dès 2019 avec la fin de la validité du régime actuel.
En revanche, une zone 3 ordinaire est libre de ces contraintes, ce qui permet d'y envisager un indice d'utilisation du sol de 1,4 tout en assurant une rentabilité équivalente à celle d'une densité de 2,0 en zone de développement, vu l'absence des différentes contraintes précitées. Cette densité inférieure, correspondant à 400 appartements, 4760 m2 consacrés à des activités économiques et une réserve de terrain pour un futur demi-groupe scolaire, c'est le projet révisé que Caran d'Ache nous présente, ayant été sensible aux inquiétudes de la Commune par rapport à la forte augmentation de la population prévue ces prochaines années, mais aussi par rapport à la proximité immédiate de la zone villa, contiguë à ce périmètre. Nous remercions Caran d'Ache et notre Conseiller Pascal Uehlinger pour avoir su négocier ce compromis, qui répond aussi au souhait de la Commune pour une part importante plus de logements en loyer libre et PPE, par ailleurs garants d'un meilleur équilibre fiscal que ne l'aurait permis un déclassement en zone de développement.
Thônex paye déjà un lourd tribut à la volonté cantonale en matière de densification et de déclassement. En effet, les nombreux projets en cours verront notre population s'accroître de quelque 10'000 habitants dans les dix à quinze prochaines années. Or cette résolution prévoit également que 10% des surfaces brutes de plancher soient affectées à des logements en coopérative et 5% en immeubles avec encadrement pour personnes âgées, ce qui va partiellement dans le sens de la mixité imposée en zone de développement.
Espérons donc que le Conseil d'Etat, dans sa composition d'après les élections, et le Grand Conseil y seront sensibles et accepteront ce déclassement en zone ordinaire,
Ashwani Singh
Chef du Groupe PLR au Conseil municipal